Les Femmes Plantagenêts dans la guerre des deux roses  (1455 - 1465)

Vers 1453, la perte de la Normandie puis de l’Aquitaine, des finances au plus bas et Henri VI qui sombre dans la folie, tout cela réveille chez les descendants d’Edouard III, des prétentions au trône. Si en 1399, Henri de Lancastre, futur Henri IV, a réussi à faire abdiquer son cousin Richard II et à prendre sa place, d’autres héritiers d’Edouard III s’estiment plus légitimes encore à succéder à son petit-fils Henri VI. Dans la guerre des deux Roses, York et Lancastre vont entrainer avec eux, par le jeu d’alliances matrimoniales, des familles parmi lesquelles des femmes vont se distinguer par leur descendance.

Anne MORTIMER  (1390 - 1411) : celle dont les York se réclament pour revendiquer la couronne

Petite-fille de Lionel d’Anvers, duc de Clarence, 2e fils d’Edouard III, elle épouse Richard de Cambridge, descendant lui aussi d’Edouard III par un fils plus jeune, Edmond de Langley, duc d’York. Mariage secret qui mettra 2 ans à être validé par le Pape compte tenu de leurs liens familiaux. Ils vont avoir un fils Richard d’York.

Son mari conspire avec d'autres seigneurs pour renverser Henry V en faveur du frère d'Anne, Edmond Mortimer hériter le plus direct. Mais, ce dernier révèle le complot au roi qui fait décapiter Richard mais laisse à son neveu, ses possessions. Anne sera la grand-mère d’Edouard IV et de Richard III d’York et l’aïeule de la maison Tudor.

Cécile NEVILLE (1415 - 1495) : celle qui verra la fin des rois Plantagenets mais dont la petite-fille inaugurera la lignée Tudor.

Elle est la petite-fille de Jean de Gand, duc de Lancastre, et de sa 3e femme illégitime Catherine Roelt. Sa mère Jeanne Beaufort a été légitimée. On la surnomme "la rose de Raby" en raison de sa très grande beauté.

En 1424, elle épouse Richard d’York, petit-fils d’Edmond d’York, par son père et surtout descendant du 2e fils d’Edouard III par sa mère Anne, ce qui devait lui assurer la succession lorsque Richard II a été déposé. Il est le plus puissant pair d’Angleterre amené à assurer le rôle de lord protecteur pendant les périodes de folie d’Henri VI en l’absence d’héritier. Mais il doit faire face à l’opposition de la reine Marguerite d’Anjou qui finit par donner naissance à un garçon Edouard. En 1455, il revendique le trône par la filiation de sa mère Anne Mortimer, ce qui déclenche la "guerre de deux roses".

Elle va avoir 12 enfants dont Edouard IV qui s’emparera du trône. Elle désapprouvera son mariage avec Elisabeth Woodville n’hésitant pas à déclarer qu’Edouard est un enfant illégitime et qu’il ne peut pas régner. Idée qui sera reprise par son fils Clarence pour tenter de prendre la place d’Edouard. Elle est aussi la mère de Richard III et la grand-mère d’Elisabeth dont le mariage avec Henri VII Tudor scellera la fin de la guerre des 2 Roses.

Elisabeth WOODVILLE (1437 - 1492) : celle qui sème la discorde parmi le clan des York.

 Sa mère Jacqueline de Luxembourg est la cousine de l’empereur Sigismond. Son mariage avec Jean de Lancastre, 3e fils du roi Henri IV devait servir à renforcer les liens entre les 2 royaumes. Veuve, elle se remarie avec Richard Woodville. Ils sont proches de l’entourage de Marguerite d’Anjou. Ils auront, entre autres, une fille Elisabeth qui épouse John Grey.

Après la défaite d’Henri VI et de Marguerite, veuve de John Grey, elle séduit Edouard IV et réussit à se faire épouser en 1464 secrètement. C’est la première reine d’Angleterre d’origine anglaise. Elle a 5 ans de plus que lui et est déjà mère de 2 enfants. Mais cela va permettre à Edouard de s’appuyer sur sa belle-famille et d’échapper à la tutelle de Warwick qui lui avait permis de gagner le trône mais semblait vouloir tout diriger.

Elle use de toute son influence pour marier ses frères à des héritières anglaises fortunées.

Lorsqu’Edouard IV mourra, Richard III son beau-frère tentera de discréditer ses neveux en prétendant qu’Elisabeth et sa mère ont pratiqué la sorcellerie sur Edouard pour qu’il épouse Elisabeth, et que de plus il s’était engagé auprès d’une autre femme avant Elisabeth. A cette époque on ne peut pas rompre son serment et cela rend son mariage illégitime.

A défaut de savoir ce que sont devenus ses 2 fils emprisonnés dans la tour de Londres, elle verra le mariage de sa fille Elisabeth avec Henri VII, scellant ainsi la réconciliation entre les maisons d’York et de Lancastre.

Son arrière-petite-fille Jeanne Grey issue d’un descendant de son 1er mariage avec Mary, sœur d’Henri VIII sera une éphémère reine entre Edouard VI et Marie Tudor renversée par Elisabeth Ière.

Catherine de VALOIS (1401 - 1437): reine Lancastre mais l’aïeule de la dynastie Tudor

Fille du roi de France Charles VI et d’Isabeau de Bavière, elle est mariée en 1420 à Henri V, en gage de réconciliation entre les 2 pays après le traité de Troyes. En 1422 après la mort du roi, isolée, mal acceptée à la cour, elle se rapproche d’Owen Tudor, gentilhomme gallois au service du roi.

Mariée en secret, sans consentement royal, ils durent se séparer. Mais elle avait donné naissance à 2 garçons Edmond et Jasper Tudor qui finirent par être appelés à la cour d'Hennri VI leur demi-frère.

Ils combattirent à ses côtés. Battus par Edouard IV, Owen et son fils Edmond furent décapités tandis que Jasper emmenait son neveu Henri en Bretagne près du duc François II. Elle est la mère d’Henri VI dernier roi Lancastre et la grand-mère d’Henri VII, 1er roi Tudor..

Marguerite de BEAUFORT (1443 - 1509) : la Louise de Savoie anglaise aussi acharnée à obtenir le trône pour son fils

Comme Cécile Neville, elle descend par son père de Catherine Roelt, la maitresse de Jean de Gand, duc de Lancastre.

Riche héritière, Henri VI la marie à son demi-frère Edmond Tudor, fils de Catherine de Valois, Brève union qui lui laissera le temps d’avoir un fils Henri. Elle se remarie avec un Lancastrien Humphrey Stafford, puis avec lord Stanley, un partisan des York qui finira cependant par abandonner Richard III lors de sa dernière bataille.

A la mort d’Henri VI, puis celle de son fils en 1471, Henri est le seul héritier Lancastre. Mais que ce soit par son père ou sa mère il est doublement bâtard. Elle va tout mettre en œuvre pendant l’exil breton de son fils pour le faire revenir en Angleterre et lui permettre de coiffer la couronne. Mais ses origines fragilisent sa légitimité à régner et le pousseront à se débarrasser des derniers prétendants Plantagenets.