ISABELLE 1ère de Castille, ou ISABELLE la Catholique, maître de son destin  (1451 - 1504)

La Castille ignore la loi salique et la couronne se transmet aux enfants, les garçons passant cependant avant les filles. Jean II épouse successivement : Marie d’Aragon dont il a un fils, le futur Henri IV. Isabelle de Portugal qui lui donne 2 enfants : la future Isabelle la catholique et un fils Alphonse. Par testament le roi fixe l’ordre de sa succession : Henri et ses enfants, par défaut Alphonse et les siens, et enfin Isabelle. Notons que la reine présente des signes de démence qu‘elle transmettra à sa petite-fille (Jeanne la Folle).

Devenu roi Henri IV se marie aussi 2 fois

• Avec Blanche de Navarre, fille de l’un des infants d’Aragon, Jean de Navarre, sans postérité.
• Avec Jeanne, sœur du roi Alphonse V de Portugal.

Après 7 ans de mariage ils auront une fille Jeanne que les Cortés reconnaissent comme héritière. Mais bientôt des voix d’élèvent pour dire que Jeanne n’est pas sa fille, mais celle du favori de la reine, et, face à l’opposition, le roi la déshérite mais ne la déclare pas illégitime. Il reconnaît Alphonse, son frère, comme successeur, envisageant un mariage entre eux pour préserver la position de Jeanne.

Pendant la jeunesse d’Isabelle, Henri IV avait prévu plusieurs prétendants pour elle :

• Charles de Navarre, prince de Viane, ceci afin de contrecarrer les projets du roi Jean II d’Aragon qui souhaite marier ce prince ave la sœur du roi de Portugal, Catherine. Mais Charles meurt en 1461.
• son épouse Jeanne de Portugal propose de marier Isabelle avec Alphonse V de Portugal.
• Bousculé et affaibli par les nobles il décide de marier Isabelle avec l’un des meneurs don Pedro Giron. Isabelle se révolte et par chance le prétendant meurt avant la cérémonie.

Isabelle prend place sur l’échiquier politique à la suite de la mort prématurée de son frère Alphonse, en 1468.

• Elle va faire valoir que le second mariage d’Henri IV n’est pas valide puisqu’il a épousé sa cousine germaine sans obtenir de dispense papale pour cause de consanguinité. Ainsi, l’infante Jeanne doit être écartée de la succession à cause de la nullité du mariage de ses parents et non pour sa prétendue naissance illégitime ; ce qui est très habile de la part d’Isabelle.
• Au nom du testament de son grand-père elle se déclare héritière et va être soutenue par une grande partie de la noblesse, hostile à Henri IV et qui espère pouvoir manœuvrer cette jeune fille de 17 ans.

Une lutte acharnée se déroule entre les nobles qui souhaitent affaiblir la pouvoir monarchique, et ceux qui sont pour son maintien. Henri IV lui octroie le titre de princesse des Asturies (titre que porte les successeurs à la couronne). Sans jamais se mettre en avant elle va cependant tirer une grande expérience politique de tous les évènements qui se déroulent. Sa haute opinion de sa valeur et de la dignité de sa future fonction vont l’amener à décider elle-même de son mariage.

Devenue l’héritière, les prétendants vont être d’une autre envergure. le roi pense à un double mariage : Isabelle épouserait le roi de Portugal et Jeanne épouserait le fils de ce même roi, le futur Jean II. Dans le cas où Isabelle n’aurait pas d’enfant mâle et si Jeanne en avait un, ce dernier serait roi de Castille.

L’heure du choix : pour Isabelle c’est faire alliance avec le Portugal ou avec l’Aragon.

Jean II d’Aragon, qui avait d’autres projets matrimoniaux pour son fils Ferdinand, se montre désormais intéressé par le mariage avec l’héritière de Castille. Isabelle choisit l’Aragon (elle pense que l’influence portugaise est très forte en Castille et plutôt favorable à Jeanne). Les négociations sont tenues secrètes et se compliquent lorsque se présente un nouveau prétendant en la personne du frère de Louis XI, Charles de Guyenne. Le 8 septembre 1469, elle écrit à Ferdinand pour lui demander de venir l’épouser le plus vite possible, car elle sent ses adversaires prêts à tout. Il entre clandestinement en Castille et le mariage est célébré, anticipant sur la dispense papale qu’il leur faut à leur tour, pour cause de parenté au second degré. (leurs grands-pères respectifs sont frères). Ferdinand est désigné par son père roi de Sicile.

Les deux époux se retrouvent très isolés, même le père de Ferdinand les abandonne, acceptant que, si Isabelle accouche d’un fils, on le marie à Jeanne et que ces derniers deviendront les héritiers !

Peu à peu, ils arriveront à rallier des partisans et principalement la famille Mendoza qui occupe un positon clé parmi les nobles. Partisans de Jeanne, qu’ils considéraient comme l’héritière légitime, ils se rendent compte des qualités politiques des deux futurs souverains.

Fin décembre 1474, Henri IV meurt. Isabelle se fait aussitôt proclamer reine. Il lui faudra encore négocier avec son mari : elle reste propriétaire de la Castille, mais il porte le titre de roi et sont associés tous deux au pouvoir.