Début 18e les deux branches de la maison de Brunswick connaissent des destinées différentes. Celle de
Brunswick-Wolfenbüttel perd du prestige tandis que celle de Brunswick-Lunebourg érigée en électorat en 1692, accède au trône
d’Angleterre en 1714. La lutte entre elles s’engage par le biais des mariages pour assoir ou maintenir leur renommée.
Brunswick-Lunebourg : Georges de Brunswick-Lunebourg,
prince de Calenberg, a 4 fils qui lui succèdent. Les 2 premiers n’ont pas d’enfants, le 3e
Jean-Frédéric, après un mariage tardif à 43 ans avec Bénédicte-Henriette du Palatinat Simmern, âgée de 16
ans, a 4 filles. Si, selon la loi de succession, c’est son 4e frère Ernest-Auguste qui lui succède, par contre 2 de ses filles
vont servir les intérêts de la famille : Charlotte-Félicitée et Wilhelmine-Amélie.
CHARLOTTE-FELICITE de
Brunswick-Lunebourg (1671 - 1710)
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Elle est proposée en mariage à François II d’Este. C’est Leibniz, qui, parti en Italie pour ses recherches, mène les
négociations. Mais François II épouse en 1692 sa cousine Marguerite-Marie de Parme puis meurt en 1694. Sans héritier, c’est
son oncle Renaud (Rinaldo), cardinal, qui abandonne, avec l’accord du Pape, son état pour succéder à la tête du duché et se
trouver une épouse. Il décide de confier le choix de sa femme à sa nièce la reine d’Angleterre Marie de Modène, en
exil à Paris. Là-bas elle a pu rencontrer les demoiselles de Brunswick que leur mère, devenue veuve, avait amenées en France.
Charlotte-Félicitée est en concurrence avec la veuve du duc de Parme, Dorothée-Sophie du Palatinat. L’abbé Ballati,
délégué par le duc de Hanovre, fait miroiter à Rinaldo III qu’il pourrait devenir le beau-frère de l’empereur
puisque le mariage de Wilhelmine-Amélie avec Joseph est en cours de finalisation.
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Ainsi, elle se marie en 1695 réunifiant les 2 branches de la famille Welf. Ils auront 4 filles et 3 garçons, faisant mentir la critique comme quoi
que les filles de Brunswick ne peuvent pas avoir de garçons.
WILHELMINE-AMELIE de Brunswick-Lunebourg (1673 - 1742)
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En ce qui la concerne, son oncle Ernest-Auguste envisage différentes unions :
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Charles II d’Espagne, veuf de Marie-Louise d’Orléans
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Jean-Guillaume, électeur palatin, veuf de la sœur de l’empereur Léopold Ier.
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Maximilien-Emmanuel II, électeur de Bavière, veuf de Marie Antonia, fille de l’empereur Léopold Ier. Mais pour ce dernier, il y a
beaucoup de candidates et Vienne et Madrid s’y opposent craignant le mariage avec une princesse liée à la France.
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Joseph de Habsbourg, héritier des Habsbourg, avec qui elle se mariera en 1699.
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Mais les négociations auront duré 6 ans. A Vienne, le premier ministre Charles-Théodore de Salm, s’il est opposé à
l’élévation du duché de Hanovre à l’électorat, est par contre favorable au mariage, car il a
épousé Louise-Marie de Palatinat, sœur de Bénédicte, mère de Wilhelmine. Mais plusieurs
préjugés plaident contre elle : elle est plus âgée que le prince, sa mère n’a eu que des filles, elle a été
élevée en France.
Parallèlement d’autre prétendantes sont proposées à Vienne :
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Hedwige-Sophie de Suède, sœur du roi Charles XII dont la candidature est soutenue par l’impératrice Eléonore. Mais elle est luthérienne.
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Sophie-Hedwige de Danemark, soutenue par le duc Anton Ulrich de Brunswick-Wolfenbüttel. Elle aussi luthérienne.
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Marie-Adélaïde de Savoie, catholique, âgée de 8 ans, soutenue par les confesseurs jésuites du couple impérial.
Anton-Ulrich et l’électeur palatin, fermement opposés, ont l’oreille de l’empereur, mais Joseph, est séduit par le portrait de Wilhelmine qu’il a reçu.
Son seul fils, mourant au bout d'un an, il lui restera 2 filles :
Marie-Josèphe sera reine de Pologne et Marie-Amélie, électrice, puis
reine de Bavière.
Brunswick-Wolfenbüttel : Anton-Ulrich, à la tête d’un duché ruiné et face à la montée en
puissance de la branche cadette de sa famille, n’aura de cesse d’assurer sa position en mariant ses petites-filles.
ELISABETH-CHRISTINE de Brunswick-Wolfenbüttel (1691 - 1750)
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Joseph Ier n’ayant que des filles de son mariage avec Wilhelmine, les négociations recommencent lorsqu’il s’agira de marier Charles,
frère de Joseph, héritier présomptif et successeur possible sur le trône d’Espagne.
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Il porte son choix sur Wilhelmine-Charlotte de Brandebourg-Aspach, princesse luthérienne (elle épousera Georges-Auguste de Hanovre qui sera
électeur, puis roi d’Angleterre).
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Anton-Ulrich ne désarme pas et propose la main de sa petite-fille Elisabeth-Christine.
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Le refus de Wilhelmine de se convertir au catholicisme, le chancelier Kaunitz gagné à la cause d’Elisabeth, représentent des
éléments favorables. En 1705, Joseph et sa femme montent sur le trône et sont pour l’union avec Elisabeth. Cela permettrait de mettre
un terme à la tension entre les 2 branches de la famille. Il reste qu’Elisabeth devra se convertir. Cela prendra 2 ans avant qu’elle n’épouse Charles
IV en 1708. Ils n'auront à leur tour que 2 filles :
Marie-Thérèse, future impératrice, et Marie-Anne, gouvernante des Pays-Bas avec son mari.
CHARLOTTE-CHRISTINE de Brunswick-Wolfenbüttel (1694 - 1715)
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Elle épousera en 1711 le tsarévitch Alexis, fils de Pierre le
Grand. Le tsar est favorable à ce mariage car sa sœur étant
mariée à l'empereur Charles IV, il espère ainsi le soutien
de l'Autriche contre les Turcs, qui menace la Russie. Elle
sera la première tsarine d'origine étrangère. Elle donnera
naissance à un fils, Pierre (futur tsar de Russie, Pierre
II), juste avant de mourir. |