MARIE-THERESE d’Autriche, un mariage d’amour (1717 - 1780)

 

Le 19 avril 1713, Charles VI empereur d’Autriche a pris soin de préserver les droits à sa succession, à sa descendance féminine, par la Pragmatique Sanction. Marié depuis 9 ans, il n’a pas encore d’enfant. La suite lui donnera raison, puisque leur premier fils Léopold meurt peu de temps après sa naissance et qu’il n’aura que trois filles. Marie-Thérèse, l’aînée, qui va lui succéder devient un enjeu pour les cours européennes.

 

Le projet espagnol :

 Elisabeth Farnèse, 2e épouse de Philippe V d’Espagne, sait que la succession d’Espagne reviendra aux fils issus du 1e mariage. Elle veut pour son fils Carlos une haute destinée, sans compter qu’il pourrait prétendre au titre impérial, les femmes étant exclues de l’élection au Saint-Empire. Les autres monarchies notamment l’Angleterre qui voit se refaire la coalition Autriche-Espagne, s’emploient à faire échouer le projet. Par le traité de Vienne de 1716, Charles s’engage à ne pas marier sa fille à l’une des grandes maisons d’Europe c’est à dire aux Bourbons.

Le mariage lorrain :

 Cela ne désespère pas Charles car, dès le début, il a envisagé un mariage lorrain. Pris entre la France et l’Empire les ducs de Lorraine cherchent une protection contre le désir de la France d’annexer leurs territoires. Des mariages ont déjà crée des liens de parenté : ainsi Charles V de Lorraine a épousé Eléonore d’Autriche. Leur fils Léopold a vécu à la cour de Vienne pendant l’occupation du duché et, bien qu’il ait dû épouser une nièce de Louis XIV, il se tourne vers l’Autriche. Son fils aîné meurt, le projet se reporte sur le cadet François-Etienne. Il a 15 ans, Marie-Thérèse en a 7. Il va à Vienne poursuivre son éducation.. Le mariage n’est pas acquis, car la France peut s’y opposer. Mais la guerre de succession de Pologne permet une transaction favorable aux deux parties (on remet à Stanislas, candidat malheureux de la France, et beau-père de Louis XV, le duché de Lorraine à titre transitoire, la Lorraine revenant définitivement à la France à sa mort. Quant à François, il pourra devenir grand duc de Toscane à l’extinction de la dynastie des Médicis, ce qui ne saurait tarder). Les deux intéressés ont eu le temps de se connaître et de se fréquenter. Leur mariage, fait rare, sera un amour partagé..

Pour faire bonne mesure sa sœur Marie-Anne, épouse Charles de Lorraine, frère de François, qui deviendra gouverneur des Pays-Bas.

En 1740, Marie Thérèse succède à son père. Sa légitimité à la succession est vite remise en cause et déclenche la guerre de succession d’Autriche (1740 - 1748)

Reconnue en 1748, co-impératrice allemande, reine de Hongrie et de Bohême, Marie-Thérèse régnera 40 ans, et saura, grâce à son pragmatisme redonner à l’Autriche une place parmi les monarchies européennes et faire face à son grand rival, le roi de Prusse, Frédéric II.

Le reversement des alliances conforté par le mariage de ses enfants :

Après la signature du traité d’Aix la Chapelle (1748), Marie Thérèse cherche à redéfinir sa politique étrangère : faut-il maintenir les alliances avec les puissances maritimes (Angleterre) qui vient de montrer ses limites ou faut-il chercher une entente avec la France, pour l’amener à se détacher de la Prusse. Après de longues tractations menées par le futur chancelier Kautnitz, le traité de Versailles est signé le 1e mai 1756.

Elle va alors tisser des relations, non seulement avec la France, mais avec les monarchies bourboniennes d’Europe et renforcer son emprise sur l’Italie. Vis à vis de ses filles elle adoptera le principe de leur remettre une liste d’instructions très précises avant leur mariage, continuant à le faire par la suite, estimant qu’elles ont une mission politique à accomplir.