Anne de Bretagne, une duchesse deux fois reine  (1477 - 1514)

Fille aînée de François II, duc de Bretagne et de Marguerite de Foix. Dès sa naissance elle est l’enjeu de tractations matrimoniales, qui ont pour but d’essayer de maintenir l’indépendance du duché, face à la rapacité de Louis XI, puis de la régente Anne de Beaujeu, et enfin de Charles VIII.

Son père la fiancera au moins 13 fois. Citons parmi les prétendants :

  • Le fils d’Edouard IV d’Angleterre, mais ce dernier disparait lors de la prise de pouvoir de son oncle Richard III.
  • Louis d’Orléans (mais Louis XI pour l’assagir l’avait obligé à épouser en 1476, sa seconde fille, Jeanne de France dite « La Boiteuse »).
  • Alain d’Albret, comte de Foix et de Béarn. Il est âgé de 45 ans.
  • Le vicomte Jean II de Rohan, proposé ses 2 fils François et Jean en mariage pour Anne et Isabeau.
  • Jean de Chalon, prince d’orange et neveu de François II, héritier présomptif après Anne et Isabeau.
  • Maximilien d’Autriche, devenu veuf de Marie de Bourgogne. En fait c’est surtout la Bretagne qui avait intérêt à cette alliance avec un souverain de Flandre et d’Autriche, sans frontière directe avec le duché, et donc sans possibilité d’annexion.

En 1488, à l’âge de 11 ans, elle succède à son père. Anne avait eu son mot à dire. En tant que duchesse souveraine elle avait obstinément refusé Alain d’Albret, quinquagénaire paillard et vulgaire. Il n’en allait pas de même pour Maximilien, à condition que le contrat de mariage procure des avantages aux bretons. Elle le discutera point par point. Finalement le mariage aura lieu par procuration en décembre 1490. Mais Maximilien tarde à se rendre en Bretagne pour officialiser le mariage.

A ce moment-là, Maximilien est le beau-père de Charles VIII, sa fille Marguerite d'Autriche ayant été unie au roi de France, à l’age de trois ans, lui apportant en dot L’Artois et la Franche-Comté. Elle est élevée à la cour de France avec Charles. C’est Louis XI qui avait négocié ces clauses au traité d’Arras, s’empressant d’occuper les provinces.

Ce mariage déclenche les hostilités avec la France, car il était stipulé dans le traité du Verger que le duc ne pouvait pas marier ses filles sans l’autorisation du roi de France. Assiégée dans Rennes, les Etats de Bretagne la presse d’épouser Charles VIII pour éviter d’avoir à capituler sans conditions.

Mais Charles et Anne sont mariés tous les deux. Pour Charles VIII, pas de problème majeur, le mariage n’étant pas consommé, étant donné le jeune age de Marguerite. C’est à peu près la même chose pour Anne, puisque Maximilien ne l’a jamais rencontrée. Les autorités religieuses accordèrent les autorisations nécessaires. Marguerite est renvoyée à son père Maximilien puisque son ex gendre va épouser son ex épouse !!!

La rédaction du contrat de mariage est l’objet de soins attentifs de la part des juristes bretons car il s’agissait de conserver l’indépendance du duché. Pour éviter une riposte de Maximilien, le mariage eut lieu en secret dans le château de Langeais. Le contrat de mariage fut particulièrement examiné de part et d’autre. Il s’agissait « d’arrimer » la Bretagne à la France. Ils se cèdent mutuellement leurs droits sur la Bretagne. Il est également convenu que si Charles VIII meurt sans héritier, Anne s’engage à ne pas se remarier ou à épouser son successeur, ou tout au moins un prince de sang. Par ailleurs il leur faut une dispense du pape car ils sont cousins au 4e degré par Charles V qui est leur arrière-arrière-grand-père. Le Pape ayant besoin d’un allié contre les ottomans qui ravagent les cotes italiennes accèdera à la demande (même si elle arrive après le mariage !)

Charles meurt en 1498, sans enfant. Louis d’Orléans monte sur le trône sous le nom de Louis XII. Il connaît Anne, du temps où il s’est rendu en Bretagne pour des négociations, et les historiens pensent qu’ils avaient un certain penchant l’un pour l’autre. Mais Louis est l’époux de Jeanne. Il lui faut répudier cette dernière pour pouvoir épouser Anne. Le pape Alexandre Borgia cherche à établir son fils César, moyennant un duché et une épouse Charlotte d’Albret, il annule le mariage. Anne convole en secondes noces avec Louis en 1499.

De leur union naîtront 2 filles :

Renée sera une remarquable duchesse de Ferrare, qui accueillera les intellectuels protestants lors des guerres de religion et dont Brantôme dira qu’elle aurait fait un bon roi de France si elle avait eu de la barbe au menton.