ELISABETH-CHARLOTTE, la dernière duchesse de Lorraine  (1676 - 1744)

Des projets d’alliances

Elle est la fille de Philippe d’Orléans, frère de Louis XIV, et de Charlotte-Elisabeth de Bavière dite "La Palatine" ou encore "Madame".

Louis XIV voulant unir ses enfants légitimés avec les membres de sa famille légitime, envisage de la marier à Louis Auguste de Bourbon, duc du Maine, fils de la marquise de Montespan. Il avait déjà organisé le mariage du duc de Chartres, frère d’Elisabeth-Charlotte, avec Mlle de Blois, sœur de Louis-Auguste. Mais, il doit affronter sa belle-sœur la Palatine. Si "Madame" avait accepté "non sans cris et sans larmes" le mariage de son fils, en revanche, elle se bat bec et ongles pour que sa fille, issue du sang légitime de France, ne soit pas "rétrogradée" au rang de princesse légitimée. Craignant le scandale, le roi renonce à ce projet.

Sa mère envisage de la marier au roi d’Angleterre, Guillaume III, un petit-cousin, veuf depuis 1694, bien qu’il ait 25 de plus qu'Élisabeth-Charlotte. Mais il est protestant, et les anglais ne veulent plus de reine catholique. De plus les deux pays sont en guerre depuis 1688.

Le pape Innocent XII propose un autre parti, plus prestigieux encore : le roi des Romains, Joseph, fils aîné et héritier de l’empereur Léopold Ier. Il n’a que 2 ans de moins qu’Elisabeth-Charlotte et il est catholique. Le pape voulait sceller la paix entre les Habsbourg et les Bourbons ennemis héréditaires depuis deux cents ans, encore une fois en guerre. Il reçut un refus respectueux mais ferme des deux côtés. Il faudra attendre 1756 pour que l’alliance soit réalisée par le mariage du futur Louis XVI, avec Marie-Antoinette, petite-fille d’Elisabeth Charlotte.

Un mariage d’amour

C’est la paix de Ryswick signée en 1697, qui va lui donner un mari. Voyant que la guerre s’enlisait, Louis XIV doit faire des concessions et restituer les territoires qu’il occupait en toute illégalité depuis plusieurs années. Il rend la Lorraine et le Barrois à leur duc légitime, Léopold Ier qui, âgé de 18 ans, était né en exil et ne connaissait pas sa patrie (sa mère est Eléonore d’Autriche sœur de l’empereur Ferdinand III). Cependant, se méfiant de ce neveu de l’empereur, le roi cherche à se l’attacher en lui faisant épouser sa nièce.

Léopold, déjà le neveu de l’Empereur par naissance, devient, par alliance, celui du Roi-Soleil.

Ce mariage se transforme en mariage d’amour au moins les 10 premières années. Ils auront 14 enfants entre 1699 et 1718 dont 4 seulement atteindront l’âge adulte.

Si les relations avec la France, après Louis XIV, sont meilleures, cela n’empêche pas Léopold de préférer envoyer ses fils à Vienne pour leur éducation auprès de Charles VI.

Une régente pour la liquidation du duché de Lorraine

Léopold meurt prématurément en 1729. Alors que le testament de son mari l’écartait du conseil de régence, elle réunit, au lendemain de sa mort, un conseil, et se fait déclarer seule et unique régente des duchés "avec pouvoir de les régir, gouverner et administrer" en attendant le retour de son fils François III, qui est à Vienne depuis six ans auprès de l’empereur, qui lui destine sa fille Marie-Thérèse. Élisabeth-Charlotte s’occupe du duché, réorganisant l’administration et les finances jusqu’au retour de son fils.

La pragmatique sanction organisant la succession d’Autriche à Marie-Thérèse pousse l’empereur à sacrifier la Lorraine qu’il cède à Louis XV contre la reconnaissance de son testament.

François quittera définitivement le duché en 1731, en lui laissant à nouveau la régence jusqu’à la cession à la France des duchés de Lorraine et de Bar et l’arrivée du roi de Pologne Stanislas Leszczynski en 1737.

Elle a encore le temps d’organiser le mariage de sa dernière fille avant de se réfugier au château de Commercy où elle meurt le 23 décembre 1744.