Charlotte et la bête.
ELISABETH-CHARLOTTE de Bavière, dite La Palatine, l’épistolière (1652 – 1722)

Fille de l’électeur palatin Charles-Louis, elle est aussi la petit fille de l’éphémère roi de Bohême, Frédéric V et arrière petite fille du roi d’Angleterre et d’Ecosse Jacques Ier par sa grand-mère.

Les premières propositions de mariage :

Elisabeth est confiée au soin de sa tante Sophie, sœur de Charles-Louis et épouse du duc de Hanovre Ernest-Auguste dont le fils deviendra roi d’Angleterre (Georges Ier). Elle reçoit une excellente éducation lettrée. Déjà sa tante échafaude des projets de mariages avec :

Arrivée à l’agé de 18 ans elle se mêle des projets matrimoniaux que l’on envisage pour elle.

Le remariage de Monsieur, frère de Louis XIV :

Louis XIV exige que son frère Philippe d’Orléans, veuf d’Henriette d’Angleterre, se remarie et cela pour au moins 3 bonnes raisons :

Mais il n’est pas évident de lui trouver une épouse, les ambitions de Louis XIV inquiètent ses voisins.

Une entremetteuse : Anne de Gonzague de Clèves

Veuve du prince palatin Edouard, elle songe à sa nièce Elisabeth-Charlotte, fille de l’Electeur palatin, frère de son mari. Au départ, la proposition d’Anne de Gonzague n’a pas la faveur de Louis XIV : il ne peut pas accepter une huguenote au sein de sa famille et il se méfie des conversions de convenance.

Par contre, Charles-Louis sait qu’il est à la tête d’un état encerclé par des puissances plus fortes que lui qui convoitent ses territoires. L’alliance avec le roi de France serait une bonne chose. Monsieur et le Palatinat valent bien une messe. Louis XIV qui se prépare à faire la guerre à la Hollande trouverait par le Palatinat rhénan un passage pour prendre ses ennemis à revers. Finalement le mariage est décidé et le contrat prévoit le passage de l’armée française et la conversion de la future. La seule condition que Charles-Louis met au mariage soit que la conversion de sa fille ne soit connue qu’à son arrivée en France. Elisabeth arrive en France le 16 novembre 1671. Tout le monde sait que Monsieur n’a pas le goût des femmes, mais les 2 époux finissent par s’en accommoder plus ou moins. Elle prendra alors le prénom de Charlotte Élisabeth.

La guerre du Palatinat : Charlotte-Elisabeth sera catastrophée lorsque son "cher Palatinat" sera ravagé par les armées françaises commandées par Louvois qui cherchent à s’approprier ces territoires en son nom.

Le mariage de ses enfants :

Philippe d’Orléans : si elle ne supporte pas l’étiquette de la cour, elle est par contre très consciente de son rang. De ce fait elle subit comme un affront le mariage forcé de son fils avec la dernière fille illégitime de Louis XIV, Mlle de Blois, allant même jusqu’à gifler en public son fils qui a dû accepter cette union. Elle trouvera sa revanche lorsqu’il deviendra le Régent à la mort de Louis XIV, et qu’un de ses descendants montera sur le trône de France (Louis Philippe).

Elisabeth-Charlotte : elle se bat bec et ongle contre Louis XIV pour le mariage de sa fille. Elle veut sa revanche et va échafauder bien des unions. Elle pense à son cousin le roi d’Angleterre Guillaume III qui vient d'être veuf (le même que celui qu’elle a failli épouser !). Le Pape, qui souhaite sceller la paix entre Bourbons et Habsbourg, propose Joseph, héritier de l’empire. Les deux maisons refusent. (il faudra attendre Louis XVI et Marie-Antoinette). Finalement le roi lui fera épouser le duc de Lorraine et de Bar Léopold Ier, pour s’assurer de sa neutralité. Peine perdue, puisque, par la suite, leur fils François épousera Marie-Thérèse de Habsbourg donnant naissance à la branche Habsbourg-Lorraine qui règnera en Autriche jusqu’en 1918.

"L'Espitolière"

Rappelons qu'elle est connue pour sa correspondance (plus de 60000 lettres) qui constituent une source d'information précieuse sur son époque.

 

@ Le Régent : le guerrier libertin de P. Pesnot - 2011