L’AQUITAINE, province anglaise avant de devenir française (890 - 1137/ 1453)

En 918, Guillaume Ier le Pieux, duc d’Aquitaine, et de l’Auvergne et du Limousin par son père, meurt sans héritier. Deux neveux Guillaume II et Alfred vont lui succéder sans postérité à leur tour. La rivalité va s’élever entre les maisons de Poitiers et de Toulouse pour s’approprier le duché. C’est Ebles Manzer, duc de Poitou, qui devient pour un temps duc d’Aquitaine, comte d’Auvergne, ce qui permettra à ses héritiers de revendiquer la succession

Les comtes du Poitou deviennent ducs d’Aquitaine

Guillaume (III) tête d’Etoupe (951 - 963)

lorsqu’il succède à son père, il se rend à la cour du roi pour lui rendre hommage. Là, Hugues le Grand va le prendre sous sa protection et favoriser son mariage avec Adèle sœur du duc de Normandie Guillaume Longue Epée. Mais Hugues se fait attribuer le Poitou par le nouveau roi de France Louis d’Outremer. Bientôt les démêlées de Hugues avec le roi vont permettre à Guillaume de récupérer la mainmise sur le Poitou. En 950, à la mort de Raymond Pons, comte de Toulouse, le roi lui rend l’Auvergne et lui restitue le titre de duc d’Aquitaine. Lorsqu’il meurt ses possessions lui sont assurées. Mais s’il a le titre de duc d’Aquitaine, il faut encore à ses héritiers faire reconnaître leur autorité sur leurs vassaux.

Guillaume IV Fier à Bras (963 - 993)

Guillaume III avait un frère Ebles, évêque de Limoges, qui se révèlera un fin conseiller politique. D’abord il lui fait prendre le nom de Guillaume IV (chiffre qui va asseoir la dynastie comme héritière de Guillaume Ier). Puis, il va le pousser à se rapprocher du nouveau roi de France Hugues Capet en lui proposant sa sœur Adélaïde, en mariage.

Il épouse Emma fille de Thierry le Tricheur, comte de Champagne, proche voisin.

XI et XIIe siècle : la grande époque du duché

Guillaume V Le Grand (994 - 1030)

Il apporte au duché stabilité et puissance. Il se marie 3 fois

En 1024, l’empereur d’Allemagne Henri II, meurt sans héritier. Les italiens espèrent retrouver leur indépendance et proposent la couronne au roi de France Robert II. Mais ce dernier craint que l’union de 2 royaumes soient source de guerre et refuse. Les Italiens se tournent alors vers Guillaume. Mais prudent il refuse voyant qu’il aura difficilement autorité sur ses vassaux italiens.

Une succession difficile à cause de l’ambition d' Agnès de Bourgogne qui s’est remariée avec Geoffroy-Martel, comte d’Anjou, proche voisin du duché.

Guillaume VI (1030 - 1038)

Issu de son 1e mariage, puis Eudes (1038 – 1039) vont se succéder. A sa mort le fils d’Agnès Guillaume VII Aigret lui succède (1039 - 1058). Sans héritier c’est son frère qui devient duc à son tour.

Guillaume VIII (1058 - 1086)

Sa mère lui a fait épouser Garsende de Périgord qui lui apporte ses droits sur le duché. Il récupère également les 2 comtés ayant appartenu à son demi-frère Eudes: le Bordelais et l’Agenais. Succédant à son frère, il commence par se séparer de sa femme qui ne lui a pas donné d’enfant. Il lui faut toujours faire face à ses puissants voisins, comte d’Anjou, comte de Toulouse, qui profitent de toutes les occasions pour chercher à rogner ses territoires. Mais il sait riposter et dirige ses états avec force et autorité.

N’ayant eu qu’une fille de son 2e mariage, il s’en sépare également pour épouser Audéarde, la fille du duc de Bourgogne qui lui donnera enfin un héritier. Mais il doit se rendre à Rome auprès du pape le prier de ne pas annuler pas son mariage au fait que les 2 époux sont cousins au 4e degré car il lui faut assurer la légitimité de son fils. Le Pape accepte de reconnaître le fils, mais demande aux parents de se séparer (ce qui n’empêchera pas Guillaume d’avoir une fille Agnès qui épousera le roi d’Aragon Pierre Ier, puis un 2e garçon!). Il récupère également la Saintonge au détriment des 2 fils de Geoffroy Martel, comte d’Anjou.

Guillaume IX (1086 - 1126)

Lorsqu’il succède à son père, il est encore très jeune. Sa mère, à l’instar des coutumes bourguignonnes fait avancer la majorité de son fils à 15 ans. Mais il doit encore avoir un certains nombres de conseillers autour de lui.

Puis, à son tour, en 1099, il rassemble ses barons pour partir délivrer jérusalem. Il a besoin de beaucoup d’argent, aussi finit-il par négocier la restitution du comté de Toulouse à Bertrand de Saint-Gilles moyennant finances. Il rentre en 1102.

En 1121, il fait épouser à son fils aîné, Guillaume, la fille de sa maîtresse Aenors qui donnera naissance, l’année suivante, à une fille, la future Aliénor. A la fin de sa vie il délaisse l’administration de son domaine alors que son voisin le duc d’Anjou et le roi de France restaurent leur autorité. Il est connu comme un mécène qui entretient une vaste cour où se développe l’amour courtois chanté par les troubadours qu’il est lui-même.

La réunion du duché au domaine royal français

Guillaume X (1126 - 1137)

Il ne va pas savoir faire face à la renaissance de l’autorité royale en la personne de Louis VI et de son ministre Suger. Guillaume X n’a que 2 filles. Tombant brusquement malade à l’âge de 38 ans ses conseillers le presse de régler le mariage de l’aînée, devenue héritière, pour éviter des guerres de succession. Il négocie alors son mariage, avec le fils de son suzerain, l’héritier de France le futur Louis VII. L’archevêque de Bordeaux qui sait que les voisins du duché vont réclamer, à défaut du duché tout entier, des territoires limitrophes négocie avec Louis VI la remise totale des territoires: une aubaine inespérée pour le roi. Mais à peine sont-ils mariés que Louis VI meurt à son tour. Voici Aliénor devenue en peu de temps, duchesse d’Aquitaine et reine de France.

1152 : L’Aquitaine, province anglaise pendant plus de 300 ans

L’annulation du mariage entre Louis et Aliénor, et le remariage de celle-ci avec le comte d’Anjou, Henri Plantagenêt en 1152, change la donne. Celui-ci devient peu après roi d’Angleterre et duc de Normandie. Toute la façade maritime des Flandres à l’Aquitaine est sous la domination anglaise, même si le roi est le vassal du roi de France pour ces possessions.

L’Aquitaine anglaise sera la dernière reconquête du roi de France Charles VII en juillet 1453 à l’issue de la bataille de Castillon.