PROVENCE, le fabuleux destin de 4 sœurs  (1113 - 1245)

L’indivision du comté et les alliances matrimoniales :

Guillaume et Rothbold, les deux frères fondateurs de la lignée des comtes de Provence ont décidé et imposé à leurs héritiers de conserver le comté en indivision. Cette volonté aurait porté ses fruits si les comtes n’avaient pas contracté des alliances matrimoniales hors de leur cercle de pouvoir.

Les mariages dans les branches de la famille, s’ils démontrent le prestige des comtes, vont compliquer le destin du comté.Ainsi à la fin du XIe siècle celui-ci se trouve conjointement entre les mains :

Ces époux sont tous issus d’états voisins de la Provence

Alix devenue veuve revient en Provence avec son fils Guillaume et s’installe à Forcalquier où elle fait reconnaître les droits de son fils sur cette partie de Haute-Provence.

Toulouse contre Barcelone

Gerberge cherche une alliance de poids pour maintenir l’autorité de sa fille sur le comté. Elle marie, en 1212 sa fille cadette Douce au comte de Barcelone Raymond-Béranger III titré.

Raymond-Béranger Ier , comte de Provence

Ce mariage va provoquer l’intervention du comte de Toulouse, Alphonse-Jourdain. La lutte aboutit en 1125 à un accord qui met fin a plus d’un siècle d’indivision et à un partage du comté : le comte de Toulouse reçoit la partie nord de la Durance. Mais le devenir d’Avignon et du comté de Forcalquier n’est pas réglé.

A sa mort en 1131, il partage ses territoires entre ses 2 fils

Béranger-Raymond

Il est insatisfait et veut agrandir ses possessions, aux dépens du comte de Toulouse en annexant le comté de Melgueil  (à coté de Montpellier). Ceci entraîne une nouvelle guerre de 1132 à 1133 qui se terminera par son mariage avec l’héritière Béatrix. .

Raymond-Bérenger III

Les comtes de Barcelone peu présents sur le comté, délègue leur autorité. Ceci va favoriser la reprise des conflits. En 1143, c’est le seigneur des Baux, époux de la sœur aîné de Douce, Etiennette, qui cherche à le supplanter. Ce sont les guerres dites baussenques. Raimond-Bérenger IV qui est devenu par mariage roi d’Aragon, vient au secours de son neveu et assure la tutelle du comté. Pour se concilier les bonnes grâces de l’empereur qui avait soutenu les seigneurs de Baux, il lui fait épouser la nièce de Frédéric Barberousse Richilde, veuve d’Alphonse VII de Castille. Devenue veuve à son tour, elle sera demandée en mariage par Raimond V, comte de Toulouse, qui espère ainsi remettre la main sur le comté. Ce qui va entraîner une nouvelle lutte qui se terminera en 1125, confirmant le partage et le renoncement sur la Provence de la part des comtes de Toulouse. Il n’a qu’une fille Douce II

Alphonse II d’Aragon, décrétant que son cousin n’avait pas d’héritier mâle, il s’empare du comté et confie le gouvernement à son frère Raymond Bérenger IV. Il élimine le comte de Toulouse et prépare l’union de la Provence et du comté de Forcalquier en mariant son 2e fils, Alphonse l’héritière Garsende de Sabran en 1195. Mais le beau-père refusa d’exécuter le traité et entra en guerre.

Le comté prend son autonomie :

En 1209, à sa mort, son fils Raymond-Béranger V n’a que 4 ans. Son oncle Pierre II d’Aragon l’emmène en semi-captivité en Aragon tandis qu’il confiela régence à son oncle Sanche. Pierre II se range aux cotés de son beau-frère Raymond VII, comte de Toulouse dans sa lutte contre les armées du roi de France pendant la croisade contre les Albigeois. Il va trouver la mort à la bataille de Muret en 1213. Cet événement extérieur au comté va cependant avoir de profondes répercussions. Le pouvoir comtal est divisé entre

Un groupe de provençaux va chercher l’enfant et le conduit à Forcalquier près de sa mère, tutrice jusqu’à sa majorité.

Raymond-Bérenger V

Marié à Béatrice de Savoie, il meurt en laissant 4 filles :

Les comtes d’Anjou, puis les ducs d’Anjou institués comte de Provence par la dernière descendante de Charles d’Anjou, la reine Jeanne de Naples, seront maître de cette région jusqu’à la mort du roi René en 1480. Louis XI s’empresse de faire occuper la province et Charles III, neveu et héritier de René d’Anjou, n’a pas l’envergure pour résister au roi de France. Le comté est alors rattaché au domaine royal.

© Un carré de reines, les 4 sœurs de Provence de Christiane GIL – Mercure de France 1986

© Les demoiselles de Provence de Patrick de Carolis – Plon 2005