La POLOGNE, une royauté élective qui va la conduire à la chute  (966- 1795)

Le Royaume de Pologne des Piast, seule dynastie locale  (966 - 1370)

L'histoire de la Pologne commence véritablement au Xe siècle, sous le règne de Mieszko Ier de la dynastie des Piast, 1er duc avéré dans les textes. Il est le vassal de l’empereur Othon 1er. Pour préserver son territoire des visées de ses voisins germaniques, il se convertit au catholicisme et épouse une chrétienne, la fille du duc de Bohême.

Boleslas Ier dit Boleslas le Vaillant (882 - 1025)

son fils annexe de nombreux territoires : Poméranie, Silésie, Moravie, Lusace. Cela lui permet de s’affranchir de la tutelle de l’empereur et du pape et de se faire couronner roi en 1025.

Mieszko II (1025 - 1034)

son fils perd toutes ses conquêtes et se retrouve à nouveau sous l’autorité de l’empereur. Une période d’anarchie s’installe à sa mort jusqu’en 1039 où son fils remonte sur le trône.

Casimir Ier dit le restaurateur (1039 - 1058)

retrouve son trône et récupère ses possessions.

Boleslas III, le bouche-torse (1102 - 1138)

la division de la Pologne

Sa décision, à sa mort, de diviser ses territoires entre ses 4 fils, va plonger le pays dans l’anarchie et provoquer la perte d’influence de cet état permettant aux Chevaliers Teutoniques de coloniser la Prusse et une partie de la Poméranie.

Ce partage provoqua des luttes entre frères et descendants et permit aux voisins de reconquérir des territoires,

Przemysl II (1277 - 1296)

Après la mort de son oncle Boleslas, il hérite de toute la grande Pologne. Puis Henri IV le juste le désigne comme successeur lui permettant de réunir toute la Pologne et de devenir roi, ce que conteste Venceslas II, roi de Bohême soutenu par la bourgeoisie qui va s’emparer de la petite Pologne.  Malgré 3 mariages il n’a qu’une fille Elisabeth qui va devenir une héritière très convoitée après l’assassinat de son père.

Venceslas II (1300 - 1305 )

Les nobles acceptent qu’il devienne roi à condition d’épouser la fille de Przemysl, Elisabeth.

Ladislas Ier Le Bref (1267 - 1333)

Après l’assassinat de Venceslas II, il réussit, à rétablir la royauté sur l’ensemble de la Pologne et se faire sacrer roi en 1320. Il dut faire face aux prétentions de Jean de Luxembourg, roi de Bohême. Il conclut 2 alliances :

Mais il doit à nouveau faire face aux chevaliers teutoniques et, à sa mort, il a perdu de nombreuses possessions.

Casimir III le grand (1333 - 1370)

Il rétablit la réunification tout en étant obligé de céder la Poméranie orientale aux chevaliers teutoniques (perdant ainsi tout débouché sur la mer), et la Silésie au profit de la Bohême.

Malgré 3 mariages il n’a pas d’héritier mâle. Passant outre un accord avec le fils de sa sœur Elisabeth, Louis d’Anjou, roi de Hongrie, il désigne son petit-fils Casimir IV, né du mariage de sa fille avec le duc de Poméranie, comme successeur.

Les Anjou de Hongrie  (1370 - 1382)

Louis d’Anjou (1370 - 1382)

Il déjoua les ruses du chancelier et se fait couronner roi. Il laisse la régence de la Pologne à sa mère Elisabeth.

A son tour il doit penser à sa succession. Il n’a que 2 filles Marie, destinée au trône de Hongrie, et Hedwige. Les nobles polonais, qui veulent se séparer de la tutelle hongroise, la désignent reine de leur pays. Elle doit rompre ses fiançailles avec Guillaume de Habsbourg et épouser le grand-duc de Lituanie Ladislas II Jagellon qui doit se convertir au christianisme avant d’être élu roi à son tour. Union dite de Krevo signée en 1385.

Le pays atteint son apogée au XVe et aux XVIe siècles

 sous la dynastie des Jagellon  (1386 - 1572)

Ladislas II Jagellon (1386 - 1434)

L’union de la Lituanie et de la Pologne inquiète ses voisins, dont les chevaliers teutoniques chargés de la conversion des lituaniens. Il va leur infliger une cuisante défaite au Tannenberg en 1410.

De son 4e mariage avec une noble polonaise il va avoir 2 fils : Ladislas et Casimir.

Ladislas III (1434 - 1444)

Il est choisi également comme roi de Hongrie à la mort de l’empereur Albert II qui n’a pas d’héritier. Avec Jean Hunyadi il va trouver la mort à la bataille de Varna face au sultan Murad II

Casimir IV (1447 - 1492)

Au bout de 3 ans il succède à son frère. La Prusse qui s’est soulevée contre les chevaliers teutoniques demande l’aide de la Pologne. Commence une guerre de 13 ans qui lui permet de retrouver la Poméranie orientale et l’accès à la Baltique. Ayant des vues sur la Bohême et la Hongrie, il épouse Elisabeth, fille de l’empereur Albert II. Elle est surnommée la "mère des rois" car 4 de ses fils vont le devenir :

Jean Ier Albert (1492 - 1501)

Elu roi de Hongrie, il est battu par son frère Ladislas déjà roi de Bohême. Il meurt sans enfant

Alexandre Ier (1501 - 1505)

D’abord grand-duc de Lituanie, il succède à son frère. Bien que marié à Hélène, fille du grand-prince de Moscou Ivan III, il doit céder la Lituanie aux chevaliers teutoniques soutenus par ce dernier. Il n’a pas de descendant.

Sigismond Ier le Vieux (1506 - 1548)

Il succède à son frère. Il a épousé en 2e noce Bona Sforza qui lui apporte l’appui financier de sa famille milanaise. Leurs enfants vont avoir de belles destinées

Sigismond II Auguste (1548 - 1571)

Marié à Elisabeth d’Autriche puis à sa jeune sœur Catherine, il n’a pas d’héritier.

Les rois polonais sous tutelle :

la mise en place de l’élection par les nobles polonais  (1572 - 1697)

La mort de Sigismond sans héritier pose le problème de sa succession et celui du système à adopter pour élire un roi. A la réunion de la diète un jeune noble Jean Zamoyski proposa que le roi soit choisi au suffrage direct des nobles présents. Ce qui fut adopté sous le nom de Confédération de Varsovie : accord qui fixe les conditions d'élection du roi de Pologne et établit la liberté de religion. L’union de la Pologne et de la Lituanie prend alors le nom de "République des Deux Nations"

Il y eut plusieurs candidats : Ernest de Habsbourg, le tsar Ivan le terrible ou son fils, les Jagellon de Suède. Finalement c’est Henri III d’Anjou qui l’emporte. Il est élu le 15 mai 1573. Il a juste le temps de s’installer à Varsovie lorsqu’il apprend la mort de son frère Charles IX et de s’enfuir le 18 juin pour être couronné roi de France.

Stephan Ier (1576 - 1586)

C’est Etienne Báthory, voïvode de Transylvanie, beau-frère de Sigismond II qui est élu pour lui succéder sous le titre de Stephan Ier . Pour rendre plus légitime son élection, il épouse Anne Jagellon, fille de Sigismond Ier. Pas d’héritier.

Les Vasa vont régner sur la Pologne de 1587 à 1668

Sigismond III (1587 - 1632)

Cette fois, c’est parmi la famille Jagellon de Suède marié aux Vasa qu’est choisi le roi. Fils de Catherine, bien qu’élu au détriment de l’archiduc Maximilien de Habsbourg, il aura toujours des relations pacifiques avec l’Autriche. Il épouse 2 sœurs de l’empereur Anna et Constance qui lui donneront chacune un fils. A la mort de son père Jean III, il tente de prendre le trône suédois, mais les protestants s’y opposèrent et soutinrent son oncle Charles.

Ladislas IV (1632 - 1648)

Fils aîné d’Anne, il est élu sans difficulté. Il essaie à son tour de monter sur le trône suédois à la mort de Gustav-Adolphe, mais le chancelier Oxenstierna fit supprimer définitivement les héritiers Vasa polonais de la succession suédoise. Il scelle ses liens avec l’Autriche en épousant Cécile-Renée fille de Ferdinand II, puis Louise-Marie de Gonzague.

Jean-Casimir II (1648 - 1668)

Fils de Constance, il succède à son demi-frère, renonçant à son chapeau de cardinal et épousant sa veuve Louise-Marie. Il doit faire face à une coalition russo-suédoise. Vaincu il doit céder la Prusse et la Livonie. Il abdique en 1668

Michel Korybut Wisniowiecki (1669 - 1673)

Il est le candidat du parti autrichien face au candidat français, le duc d'Enghien, fils du Grand Condé. Il épouse Eléonore, sœur de l'empereur Léopold Ier.

Jean III Sobieski (1674 - 1696)

Commandant de l’armée polonaise, vainqueur des Turcs, il est élu roi

Vers le déclin et les partages :

Pendant le 18e siècle, la Pologne est engagée dans des nombreux conflits qui lui font perdre une grande partie de sa superficie, notamment sous le coup de l'expansion russe. À la fin du 18e, le désaccord entre conservateurs et libéraux entrainent les interventions des puissances européennes et, après trois partitions, la République des Deux Nations est partagée entre la Prusse, l'Autriche et l'Empire russe.

Auguste II le fort contre Stanislas Leszczynski et la guerre de succession de Pologne  (1697 - 1736)

Auguste, électeur de Saxe, est candidat à la succession de Jean Sobieski avec le soutien de Léopold Ier. Une majorité d'électeurs élisent le duc de Conti, soutenu par Louis XIV. Auguste se précipite à Cracovie et se fait reconnaître roi avant l'arrivée de Conti. Charles XII roi de Suède fait face à la coalition russo-polonaise. Vainqueur il fait élire Stanislas Leszczynski en 1704 (Auguste abdique en 1706). Mais après la défaite de Charles XII en 1709, Stanislas est chassé et Auguste revient soutenu par le tsar Pierre Ier(1709 -1733). A sa mort, son fils Auguste III entre en compétition avec Stanislas : c’est la guerre de succession de Pologne

Auguste III (1733 - 1763)

Marié à Marie Josèphe de Habsbourg, fille de Joseph Ier, il signe un traité secret avec l’Autriche contre la Prusse.

Stanislas II Auguste (1764 - 1795),  les trois partages de la Pologne

Il est élu roi de Pologne grâce au soutien de la tsarine Catherine II de Russie, son ancienne maîtresse. Il est soutenu par le parti des réformateurs, mais les dissidents font appel à la Prusse, la Russie et l’Autriche qui procèdent au 1er partage de la Pologne (1772). D’autres tentatives de réformes se font contrerpar des nobles qui font appel aux russes et leur intervention aboutit à un 2e partage (1793)  qui profite à la Russie et à la Prusse. Ils interviennent encore face à un mouvement d’indépendance. C’est dernier partage de 1795. Stanislas abdique peu après.

Même si Napoléon recrée, le temps de son règne, le royaume de Pologne, ce partage est définitivement entériné au congrès de Vienne en 1815. Au cours du XIXe siècle, la majorité des territoires dont s'était emparé, l'Autriche passent sous contrôle russe.